Slide listening (2017)
Instrumentation: concertino for piano and orchestra
Duration: about 9 minutes
Premiere: March 5th 2017 by the three finalists of Piano Campus international piano competition.
Orchestre Melodix, conducted by Fabrice Parmentier
National Theater of Cergy-Pontoise
Publisher : Éditions Musicales Artchipel
Commission: Pascal Escande for Piano Campus competition
Slide-listening est une pièce écrite pour piano et orchestre qui s’éloigne quelque peu de la forme classique du concertino dans le rapport entre le soliste et l’orchestre. Ici le discours ne s’établit pas au sein d’un axe confrontation/dialogue, mais plutôt dans une volonté d’orchestrer l’instrument soliste, de créer une sorte de piano augmenté par l’orchestre. Ce dispositif compositionnel filtré laisse s’échapper quelques résidus orchestrés et autres textures autonomes pensées comme des respirations d’ordre environnemental, proches du design sonore.
La forme et le matériau convergent dans la figure du glissement. Du glissement de l’archet sur les cordes au glissement de clusters diatoniques au piano, du glissement des flutes à coulisses au glissement de la superball sur le tam, du glissement d’objets musicaux au glissement des situations d’écoute, ces diapositives sonores s’entrechoquent à un tempo soutenu.
Cette pièce, créée par les finalistes du concours international Piano Campus 2017, met par ailleurs en jeu ce que j’appelle des OEM (objets esthétiquement modifiés) issus du concerto pour piano de Schumann (au programme de la finale). Les OEM sont des fragments musicaux issus de la littérature classique ou traditionnelle ; ces fragments sont, un peu à l’instar des manipulations génétiques, d’abord prélevés, décontextualisés, modifiés esthétiquement, puis confrontés à un nouvel environnement musical.
Amorces-éclipse (2021)
orchestra (30 or 50 musicians)
13minutes
Premiere: November 17th 2021 by Orchestre Colonne conducted by Jean Deroyer.
Institut de France, Paris.
Dedication: Laurent Petitgirard.
Prix de confirmation en compostion musicale de la fondation Simone et Cino Del Duca.
Publisher: Éditions Musicales Artchipel
La crise sanitaire que nous vivons depuis maintenant un an et demi a des conséquences non négligeables sur mon travail de composition. Passé la sidération du premier confinement, dans l’impossibilité d’écrire une note de musique à l’exception d’une miniature cauchemardesque Frousse (2020), je réalise à présent que les œuvres composées depuis ont toutes eu recours à un substrat extérieur – la peinture de Vincent Dulom pour mon deuxième quatuor à cordes Brèches (2020), la lettre d’Annie Ernaux pour la musique-fiction l’Autre fille (2020) ou encore la correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès pour Fragments d’autre (2021). Aussi, je souhaitais me confronter, pour célébrer et honorer le Prix de commande de la Fondation Del Duca, à une œuvre de « musique pure » ou plutôt, à une œuvre sans références à d’autres disciplines et sans utilisation d’Objets Esthétiquement Modifiés (OEM) issus de musiques du passé ou préexistantes. Revenir, en soi, à un exercice compositionnel austère de mise en tension entre forme et matériau. Mais le retour à une situation sanitaire incertaine, au moment de l’écriture, prolonge mes inquiétudes et tend à réduire à néant toutes formes de développement musical dans mes esquisses, l’idée même de projection étant remise en cause au gré des mutations du virus. C’est cette situation particulière, seule possible en l’état, que je tente de mettre en musique au sein de cette œuvre. En mettant en regard une succession d’amorces – qui s’incarne par la répétition d’un objet sonore constitué de battements provoqués par l’accordéon microtonal, avec un gel progressif des cordes au sein de l’orchestre – qui suggère un phénomène d’éclipse, j’ouvre un écart entre deux représentations de nos temps troublés. À travers cette faille se dessinent peut-être les bribes d’un monde meilleur, métaphorisé ici par une écologie du son, minéral et minimal.
The health crisis we've been experiencing for a year and a half now has had a significant impact on my composition work. After the shock of the first confinement, when I was unable to write a note of music apart from the nightmarish miniature Frousse (2020), I now realise that the works I have composed since then have all had recourse to an external substratum - Vincent Dulom's painting for my second string quartet Brèches (2020), Annie Ernaux's letter for the music-fiction L'Autre fille (2020) or the correspondence between Albert Camus and Maria Casarès for Fragments d'autre (2021). So, to celebrate and honour the Del Duca Foundation's commissioning prize, I wanted to confront myself with a work of 'pure music', or rather, a work with no references to other disciplines and no use of Aesthetically Modified Objects (AMO) from past or pre-existing music. A return, in itself, to an austere compositional exercise in the tension between form and material. But the return to an uncertain health situation at the time of writing prolonged my concerns and tended to nullify all forms of musical development in my sketches, the very idea of projection being called into question as the virus mutated. It is this particular situation, the only one possible in its current state, that I am attempting to set to music in this work. By contrasting a succession of primers - embodied in the repetition of a sound object consisting of beats produced by the microtonal accordion, with a gradual freezing of the strings within the orchestra - which suggests a phenomenon of eclipse, I open up a gap between two representations of our troubled times. Through this gap we can perhaps see the beginnings of a better world, metaphorised here by an ecology of sound, mineral and minimal.