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Amorces-éclipse (2021)

orchestra (30 or 50 musicians)

13minutes

Premiere: November 17th 2021 by Orchestre Colonne conducted by Jean Deroyer.

Institut de France, Paris.

Dedication: Laurent Petitgirard.

Prix de confirmation en compostion musicale de la fondation Simone et Cino Del Duca.

Publisher: Éditions Musicales Artchipel










La crise sanitaire que nous vivons depuis maintenant un an et demi a des conséquences non négligeables sur mon travail de composition. Passé la sidération du premier confinement, dans l’impossibilité d’écrire une note de musique à l’exception d’une miniature cauchemardesque Frousse (2020), je réalise à présent que les œuvres composées depuis ont toutes eu recours à un substrat extérieur – la peinture de Vincent Dulom pour mon deuxième quatuor à cordes Brèches (2020), la lettre d’Annie Ernaux pour la musique-fiction l’Autre fille (2020) ou encore la correspondance entre Albert Camus et Maria Casarès pour Fragments d’autre (2021). Aussi, je souhaitais me confronter, pour célébrer et honorer le Prix de commande de la Fondation Del Duca, à une œuvre de « musique pure » ou plutôt, à une œuvre sans références à d’autres disciplines et sans utilisation d’Objets Esthétiquement Modifiés (OEM) issus de musiques du passé ou préexistantes. Revenir, en soi, à un exercice compositionnel austère de mise en tension entre forme et matériau. Mais le retour à une situation sanitaire incertaine, au moment de l’écriture, prolonge mes inquiétudes et tend à réduire à néant toutes formes de développement musical dans mes esquisses, l’idée même de projection étant remise en cause au gré des mutations du virus. C’est cette situation particulière, seule possible en l’état, que je tente de mettre en musique au sein de cette œuvre. En mettant en regard une succession d’amorces – qui s’incarne par la répétition d’un objet sonore constitué de battements provoqués par l’accordéon microtonal, avec un gel progressif des cordes au sein de l’orchestre – qui suggère un phénomène d’éclipse, j’ouvre un écart entre deux représentations de nos temps troublés. À travers cette faille se dessinent peut-être les bribes d’un monde meilleur, métaphorisé ici par une écologie du son, minéral et minimal.


The health crisis we've been experiencing for a year and a half now has had a significant impact on my composition work. After the shock of the first confinement, when I was unable to write a note of music apart from the nightmarish miniature Frousse (2020), I now realise that the works I have composed since then have all had recourse to an external substratum - Vincent Dulom's painting for my second string quartet Brèches (2020), Annie Ernaux's letter for the music-fiction L'Autre fille (2020) or the correspondence between Albert Camus and Maria Casarès for Fragments d'autre (2021). So, to celebrate and honour the Del Duca Foundation's commissioning prize, I wanted to confront myself with a work of 'pure music', or rather, a work with no references to other disciplines and no use of Aesthetically Modified Objects (AMO) from past or pre-existing music. A return, in itself, to an austere compositional exercise in the tension between form and material. But the return to an uncertain health situation at the time of writing prolonged my concerns and tended to nullify all forms of musical development in my sketches, the very idea of projection being called into question as the virus mutated. It is this particular situation, the only one possible in its current state, that I am attempting to set to music in this work. By contrasting a succession of primers - embodied in the repetition of a sound object consisting of beats produced by the microtonal accordion, with a gradual freezing of the strings within the orchestra - which suggests a phenomenon of eclipse, I open up a gap between two representations of our troubled times. Through this gap we can perhaps see the beginnings of a better world, metaphorised here by an ecology of sound, mineral and minimal.

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