Slide listening (2017)
Instrumentation: concertino for piano and orchestra
Duration: about 9 minutes
Premiere: March 5th 2017 by the three finalists of Piano Campus international piano competition.
Orchestre Melodix, conducted by Fabrice Parmentier
National Theater of Cergy-Pontoise
Publisher : Éditions Musicales Artchipel
Commission: Pascal Escande for Piano Campus competition
Slide-listening est une pièce écrite pour piano et orchestre qui s’éloigne quelque peu de la forme classique du concertino dans le rapport entre le soliste et l’orchestre. Ici le discours ne s’établit pas au sein d’un axe confrontation/dialogue, mais plutôt dans une volonté d’orchestrer l’instrument soliste, de créer une sorte de piano augmenté par l’orchestre. Ce dispositif compositionnel filtré laisse s’échapper quelques résidus orchestrés et autres textures autonomes pensées comme des respirations d’ordre environnemental, proches du design sonore.
La forme et le matériau convergent dans la figure du glissement. Du glissement de l’archet sur les cordes au glissement de clusters diatoniques au piano, du glissement des flutes à coulisses au glissement de la superball sur le tam, du glissement d’objets musicaux au glissement des situations d’écoute, ces diapositives sonores s’entrechoquent à un tempo soutenu.
Cette pièce, créée par les finalistes du concours international Piano Campus 2017, met par ailleurs en jeu ce que j’appelle des OEM (objets esthétiquement modifiés) issus du concerto pour piano de Schumann (au programme de la finale). Les OEM sont des fragments musicaux issus de la littérature classique ou traditionnelle ; ces fragments sont, un peu à l’instar des manipulations génétiques, d’abord prélevés, décontextualisés, modifiés esthétiquement, puis confrontés à un nouvel environnement musical.
Yomi no kuni kara - 黄泉の国から (2014)
ensemble
17 minutes
Premiered in 2014, december 26th, at Suginami Koukaidou in Tokyo.
Ensemble Muromachi, cond. Masakazu Natsuda.
Commission by Ensemble Muromachi.
Instrumentation: for 17 musicians (Shakuhachi, Traverso, Sho, Serpent, Orguan, Biwa, 2 Kotos (13 strings), baroc guitar, 2 baroc violin, 2 viola di gamba, baroc cello, 3 counter-tenors)
Publisher: Éditions Musicales Artchipel
黄泉の国から (Yomi no kuni kara) est une œuvre particulière dans mon catalogue, de part sa nomenclature improbable mais aussi et surtout car le projet qui l'anime tente de réfléchir sur la question des universaux. Si cette dimension est nouvelle dans mon travail, c'est parcequ'elle s'inscrit dans mes réflexions plus larges sur la notion d'altérité. Elle m'a amené ici à mettre en regard le Kojiki, sorte de genèse Japonaise écrit au VIIIème siècle de notre ère, avec un opéra classique, Orphée et Eurydice du compositeur Christoph Willibald Gluck.En effet, l'une des premières histoires narrée dans le Kojiki ressemble à s'y méprendre au mythe d'Orphée : Izanami et Izanagi, deux divinités créatrices, donnent naissance à plusieurs Kami-sama (esprits et divinités qui deviendront les îles du Japon). L'un d'entre eux tue sa mère à sa naissance car il est constitué principalement de feu et lui brûle le vagin. Izanagi tente alors de retrouver sa femme aux enfers (yomi no kuni) et a l'interdiction de la regarder s'il veut la récupérer...Les points de convergence sont troublants avec Orphée. La structure de ma pièce s'établit donc dans une sorte d'inter-narration bornée par ces deux œuvres incarnées de manière différentes ; par un long solo de Biwa, qui, dans la tradition japonaise, avait un rôle de support pour raconter les épopées et par un dispositif particulier de trois contre-ténors cachés dans l'orchestre, qui évoquent davantage la figure occidentale.La musique résultante se nourrit d'ambiguités formelles (fausse ouverture, impression de concerto en fuite, objets musicaux suspendus et répétés qui destabilisent la sensation narrative) s'évanouissant au sein d'une coda pensée comme un petit paysage nocturne, qui se réduit progressivement en une respiration lente et organique.
黄泉の国から (Yomi no kuni kara) is a special part of my catalogue, not just because of its less than commonplace instrumentation, but also because the project behind it is a reflection on the question of universals. This new aspect of my work is part of my broader exploration of the issue of alterity concept, which brought me to draw an interesting parallel between an 8th century japanese chronicle called the Kojiki, and a classical opera, Gluck’s Orpheus and Eurydice. In fact, one of the first Kojiki myths bears a curious resemblance to the Greek myth of Orpheus. Two creator divinities, the male Izanagi and the female Izanami, beget the Kami-sama, divine entities destined to become the islands of Japan. At birth, the last Kami-sama causes his mother’s death, as he is made of fire and burns the birth canal. Izanagi desperately tries to retrieve his defunct spouse from the underworld. He must promise never to look at her again if he is to succeed in his perilous mission.The parallels with Orpheus are striking. The performance is therefore a sort of inter-narration, balancing two works representing the same themes in very different manners. A long biwa solo gives voice to the Japanese side. The biwa is a sort of lute used in traditional Japanese narrative storytelling. The western classical side is voiced by three countertenors hidden in the orchestra.The resulting music is nurtured by evanescent ambiguities (a false overture, a fleeting concerto, repeated, suspended musical objects destabilizing the narrative). The coda evokes a nightscape and fades into slow, gentle breathing.
私は、近年、「他性」(l’altérité) −−他者、自分ではないもの、異質なもの−−という哲学概念をテーマに作曲を行ってきました。異質なもの(「自己」と「他者」)が出会ったときに発生する不均質性を、バランスをとって支えるために、両者の元来の意味や意味性を変質させる(altérer)。−−これが私の作曲であり、私はそれを、他者と向き合うアプローチの、そして、私たちが生きている世界の複雑さを理解するための方法のひとつと捉えています。 《黄泉の国から》は、そうした「他性」の概念を、「普遍」という、矛盾にも思える次元で、より広く捉え直す新たな試みであり、その点で、独特な編成と併せ、私の作品の中で特別なものです。 亡くなった愛しい妻に会いたいと黄泉の国を訪れた夫が、見てはいけないと言われた妻の姿を見てしまったことで、永遠に彼女を失う… 今回の演奏会のテーマである、グルックのオペラ《オルフェウスとエウリディーチェ》の原作神話と、日本で最も古い8世紀の書物「古事記」の冒頭の一部との類似に、私は驚きました。 曲は、この2つの物語が、日本の「語りもの」の伝統楽器である琵琶の長い独奏と、オーケストラの中に配置された、西洋を喚起させる要素としての3人のカウンターテナーたちによって、相互に叙述される構成をとっています。 その結果もたらされる、音楽的要素の中断と繰り返しによる物語性の揺れ動き、「偽序曲」「偽協奏曲」とも呼べるような曖昧な形式のなかで、音楽は、「夜の風景」を表す結尾部において、次第にその呼吸を緩め、ゆっくりと消えてゆきます。