Slide listening (2017)
Instrumentation: concertino for piano and orchestra
Duration: about 9 minutes
Premiere: March 5th 2017 by the three finalists of Piano Campus international piano competition.
Orchestre Melodix, conducted by Fabrice Parmentier
National Theater of Cergy-Pontoise
Publisher : Éditions Musicales Artchipel
Commission: Pascal Escande for Piano Campus competition
Slide-listening est une pièce écrite pour piano et orchestre qui s’éloigne quelque peu de la forme classique du concertino dans le rapport entre le soliste et l’orchestre. Ici le discours ne s’établit pas au sein d’un axe confrontation/dialogue, mais plutôt dans une volonté d’orchestrer l’instrument soliste, de créer une sorte de piano augmenté par l’orchestre. Ce dispositif compositionnel filtré laisse s’échapper quelques résidus orchestrés et autres textures autonomes pensées comme des respirations d’ordre environnemental, proches du design sonore.
La forme et le matériau convergent dans la figure du glissement. Du glissement de l’archet sur les cordes au glissement de clusters diatoniques au piano, du glissement des flutes à coulisses au glissement de la superball sur le tam, du glissement d’objets musicaux au glissement des situations d’écoute, ces diapositives sonores s’entrechoquent à un tempo soutenu.
Cette pièce, créée par les finalistes du concours international Piano Campus 2017, met par ailleurs en jeu ce que j’appelle des OEM (objets esthétiquement modifiés) issus du concerto pour piano de Schumann (au programme de la finale). Les OEM sont des fragments musicaux issus de la littérature classique ou traditionnelle ; ces fragments sont, un peu à l’instar des manipulations génétiques, d’abord prélevés, décontextualisés, modifiés esthétiquement, puis confrontés à un nouvel environnement musical.
Ludion (2024)
santûr & string quartet
14 minutes
Premier in 2024, May 24th at Orangerie du parc de Bagatelle in Paris, by Farnaz Modarresifar and Moser String Quartet.
Commission : Maison de la Musique Contemporaine.
Instrumentation : Santûrs & string quartet.
Dedication: Farnaz Modarresifar
Publisher : Éditions Musicales Artchipel
Ludion est une œuvre qui explore l’écart entre ses deux définitions. Le premier sens du mot renvoie aux danseurs et bateleurs étrusques venus à Rome au ive siècle. Le second se rapporte à un appareil dont les traces écrites remontent au xviie siècle et utilisé en physique pour montrer la compressibilité de l’air. Ce dispositif est également appelé le « diable de Descartes », car ce dernier utilisait des figurines en forme de diablotin pour illustrer le principe qui, comme réponse à la pression exercée, fait monter ou descendre ces êtres étranges à l’intérieur du flacon. J’ai réalisé que deux des arcanes majeurs du Tarot correspondaient à ces deux terminologies : le bateleur (carte i) et le diable (carte xv). Je me suis alors inspiré d’une version gravée récente du jeu, réalisée en 2020 par Thomas Perino et de ses interprétations écrites par Aurélien Lemant1, qui considère la figure du bateleur comme celle d’un enfant qui découvre le monde, et la carte du diable comme celle qui le voit de l’autre côté.
Deux santûrs, à 9 et à 12 chevalets, sont ainsi mis en jeu pour créer l’espace métaphorique des deux cartes. L’écriture des cordes est en perpétuelle interaction avec les propositions théâtrales du santûr, ornementées de quelques accessoires jetés à même les cordes de l’instrument perse, comme des dés à jouer ou des cartes. Le parcours formel de la pièce nous mène du jeu à l’introspection, des rapports éclatés à la concentration sonore, de l’exposition d’un matériau à son envers. Afin de matérialiser le principe physique du ludion, certaines parties sont écrites avec des couples interdépendants entre pression exercée à l’archet et hauteurs de note. Par ces diverses focalisations formelles et symboliques, Ludion tente de construire un imaginaire sonore qui explore en continu les tensions liées à la polysémie lexicale.
1 Le Tarot Perino, Le feu sacré, Paris, 2022.
Ludion is a work that explores the gap between its two definitions. The first refers to the Etruscan dancers and jugglers who came to Rome in the fourth century. The second refers to a device whose written records date back to the seventeenth century and which was used in physics to demonstrate the compressibility of air. This device is also known as Descartes' devil, because Descartes used figures in the shape of imps to illustrate the principle that, in response to the pressure exerted, these strange beings rise or fall inside the flask. I realised that two of the Tarot's major arcana corresponded to these two terminologies: the bateleur (card I) and the diable (card XV). I was then inspired by a recent engraved version of the deck, created in 2020 by Thomas Perino and his interpretations written by Aurélien Lemant1, who considers the figure of the bateleur to be that of a child discovering the world, and the Devil card to be that of one who sees it from the other side.
Two santûrs, with 9 and 12 bridges, are used to create the metaphorical space of the two cards. The writing on the strings is in constant interaction with the theatrical proposals of the santûr, embellished with a few accessories thrown in alongside the strings of the Persian instrument, such as playing dice or cards. The formal path of the piece leads us from play to introspection, from fragmented relationships to sonic concentration, from the exposure of a material to its reverse. In order to materialise the physical principle of the ludion, certain parts are written with interdependent pairs of bow pressure and note pitches. Through these various formal and symbolic focuses, Ludion attempts to construct an imaginary sound that continuously explores the tensions linked to lexical polysemy.
1 Le Tarot Perino, Le feu sacré, Paris, 2022.